“Dans cette maison, il y a mes souvenirs, des photos perdues et de trésors cachés dans les tiroirs. Il y a des accessoires de mode retrouvés dans son armoire des années 40, sa petite armoire en bois sculpté où se pose un miroir, et moi, dans ce reflet qui voit mon héritage apparaître et les vies de mes aïeules défiler devant moi. Il y a son jardin aussi, en désordre, sauvage, espiègle mais si beau. Des fuchsias pendent à l’arbre bien trop grand pour la petite cour emmurée. Il y a des pavés aussi, menant à la grande route où un destin différent est peut-être possible. Elle enfin, qui sera toujours assise sur ce muret, attendant peut-être une autre vie avec la furieuse envie d’emprunter cette voie bitumée et brûlante avec sa mobylette et ne jamais revenir. Ou peut-être admire-t-elle seulement l’étendue immense des champs devant elle ?
Je t’emmène avec moi grand-mère, ou peut-être est-ce toi qui m’emmènes? Montre-moi les décennies que tu as traversées et je t’offrirai la vie que tu aurais souhaitée, parée de mille plumes de ta basse-cour et des perles abandonnées dans tes tiroirs. Je ferai de toi une reine et tu feras de moi une femme libre mais enracinée. Nous reviendrons peut-être, de temps en temps, contempler le spectacle mais je t’assure que le soleil ne fera plus aussi mal”